Delirium: Délire déluré

Préambule:
Salut à vous tous, cela fait un petit moment depuis mon dernier post, j'espère que mon absence ne vous a pas été trop insupportable!
M'enfin, on ne peut pas vraiment dire que je reviens car ce post est surtout un partage de la critique que j'ai réalisé pour un grand magasin angevin orienté culture nippone: "Planète Loisirs". Cette revue concernera une œuvre du nouveau venu dans la scène du global manga français, j'ai nommé Dimitri Lam!

Global manga, Kezako?

Il s'agit, pour moi, du terme le plus supportable pour définir une Bande Dessinée produite en dehors du Japon par un non japonais mais empruntant pourtant les codes du manga ou revendiquant une certaine inspiration de ceux-ci, que cela soit pas le dessin ou même par le mode de découpage et/ou de narration, je citerai parmi les meilleurs et mes préférés: l'inénarrable Scott Pilgrim de Bryan Lee O'Malley pour le Canada, l'uber sexy Empowered de l'américain Adam Warren, le délirant Chosp d'Alessandro Barbucci le Rital "so Ratal" et enfin le très déviant et rock Debaser de ma sempaï Rafchan! Il en existe bien d'autre que j'apprécie plus ou moins comme Dreamland ou encore Maliki mais ce n'est pas le propos ici, revenons à nos moutons avec le sieur Dimitri Lam.

Who's Dat boy?


Dimitri Lam est un (relativement) jeune dessinateur Dijonnais de 31 ans travaillant au sein de l'association Babylon Chronicles/Com, initiative louable de promotion de jeunes artistes, et ce dans plusieurs domaines autres que la bande dessinée. Notre auteur a donc réalisé et s'est vu publier deux bandes dessinées au sein de cette association: Josh et Delirium.


Si Josh est une bande dessinée que l'on pourrait rapprocher du style Yaoï (manga abordant le thème de l'homosexualité masculine), Delirium, lui se pose en représentant du style comique déjanté. N'étant pas un expert du premier genre, ma critique se portera plutôt sur Delirium, mais je peux juste vous dire que Josh a été pré-publié dans le magazine Gay de référence "Têtu" si cela peut constituer pour vous un indicateur de qualité...

C'est quoi ce délire?
Delirium nous narre les aventures de Pearce Stickles, une jeune fille qui réussit à accumuler tous les traits de caractère plus ou moins insupportables de la "jeunesse insouciante" d'aujourd'hui: son comportement décomplexé et aguicheur vis-à-vis des hommes contraste violemment avec sa naïveté et son incompréhension du monde qui l'entoure: la donzelle sait donc comment rouler du popotin pour attirer l'attention des mâles alentour mais est éhontément novice lorsqu'il s'agit de concrétiser la chose et de nouer de vraies relations avec ceux-ci, d'où un célibat lourd à porter auprès de ses amies lorsque le cap de la vingtaine approche de plus en plus.

Notre "vaillante" héroïne


Elle décide donc de prendre les choses en main et fait le pari avec ses amies qu'elle se dégottera l'homme parfait en moins d'une semaine. Le problème vient du fait qu'elle se met en tête d'aller le chercher dans une forêt hantée, Pandemonium ... Comme dirait Tété, "lorsqu'elle dodeline ça fait Plee-King Ka-ting c'est marrant, ça marque le temps, mais c'est gênant quand il y a des gens!"
Cette personnalité haute en couleur est tout à fait adaptée au genre du manga, permettant l'utilisation de ressorts comiques (plus ou moins gros) autour de la stupidité et parfois même vulgarité de l’héroïne et c'est là d'ailleurs la plus grande force, mais peut-être aussi la plus grosse faiblesse de l’œuvre.
En effet, le ton se veut résolument déjanté, ça part dans tous les sens, ça emprunte beaucoup à des ténors du genre comme le mythique Dr Slump d'Akira Toriyama avec des mimiques dignes de Senbei et des personnages empruntés au bestiaire du Penguin Village, ou même présentant des similitudes avec le plus récent Excel Saga pour la modernité des préoccupations et le côté déluré de l'héroïne, les situations abracadabrantesques se multiplient et le baromètre est clairement réglé sur "gaudriole absolue"... Et c'est là que le bas blesse pour moi: L'auteur, bénéficiant clairement d'une riche culture générale et surement animé par une fougue et une motivation sincère, balance pêle-mêle références, hommages, clins d’œils, ficelles (ou plutôt cordes d'amarrage) comiques, mais hélas sans grande finesse. En ce qui concerne les dessins (car pour une bande dessinée cela peut être important), Dimitri Lam maitrise son style de dessin et on note une cohérence dans son trait du début à la fin du tome avec toutefois des planches moins abouties techniquement que d'autres, c'est propre, et si le style ne me convainc pas personnellement (je suis un très vilain amateur d'anatomie humaine et les plus ou moins grosses incohérences présentes dans ce volume gâchent quelque peu mon plaisir), il est loin d'être dégueulasse et devrait trouver son public.

Il y a du travail, on ne peut pas dire le contraire


Tout est là pour donner une expérience rafraichissante et drôle, un gros "défouloir" comme le considère Dimitri Lam lui-même, car s'il est clair que pour lui s'en est un, ça peut être un peu trop brut pour le lecteur. Heureusement le sieur Lam semble doté d'une réelle finesse et d'une envie de bien faire, donc je prends le pari qu'après ce premier tome perfectible, la série ne pourra que s'améliorer par la suite, pour qui sait, nous proposer LE remède anti-morosité à la française!
Si vous restez sur votre faim suite à cette petite revue, je vous invite à consulter une très bonne interview réalisée par le site Manga-news qui pourrait vous permettre de mieux appréhender le personnage.

Conclusion
Points forts:
-Un style cohérent vis-à-vis de lui-même sans grandes inégalités
-Le titre ne ment pas, le délire est le maitre mot de l’œuvre
-Une avalanche de références...

Points faibles:
-...Balancées sans grande finesse
-Quelques problèmes anatomiques (mains, hanches, ossature etc.), mais ceux qui me connaissent savent que je chipote parfois!

A bientôt pour une review 100% inédite rated V for Vannes...(Attention, indications trompeuses dans cette annonce)

Commentaires

Articles les plus consultés